Entre le 19ème et le 20ème siècle, la civilisation mondiale s’est résumée à celle de l’occident qui selon les historiens, a été une puissance d’expansion militaire. A travers ce moyen, une certaine forme de domination totale est apparue aux yeux de ces seuls auteurs qui refusaient d’accepter la complexité des peuples et l’impossibilité de mettre sur pied un empire occidental.
La colonisation par exemple a entrainé le déni de l’existence de toute identité voire, civilisation africaine. Avec le temps, il ressort que, bien qu’ayant embrassés des valeurs européennes, les peuples noirs ont toujours gardé en eux ce qui les distingue en propre. Cet ADN que les années d’esclavage et de colonisation n’ont pu enrayer, est à invoquer dans le contexte du monde nouveau qui se met en place progressivement, et qui prend en compte les multiples spécificités des peuples que l’ancien monde a voulu éluder au profit d’une seule et unique civilisation, érigée en référentiel.
C’est l’occasion par excellence des gardiens de la tradition et de toutes les élites de nos contrées, de se mettre résolument au travail à l’effet de faire émerger nos particularités culturelles qui sont en fait le socle de l’unité camerounaise. Le conflit Russo-Ukrainien est une preuve que nous devons si nous ne l’avons pas encore fait, penser à mettre sur pied les fondamentaux de notre originalité afin d’imposer le respect à l’échelle mondiale. Tenez par exemple, depuis 2021, le poisson camerounais ne peut plus entrer en Europe alors que demeurent en vigueur les accords de partenariat économique (APE) avec l’UE. Cet embargo de plus, doit nous donner matière à réfléchir. Cette sanction est un message de trop. L’omerta de cette pratique de l’UE doit nous conduire à une prise de conscience que plus que jamais, il est temps pour nous de consommer ce que nous produisons, et de produire ce que nous consommons.
A son niveau, le gouvernement a apporté un début de solutions au regard de la loi n° 2022/020 du 27 décembre 2022 portant loi de finances de la république du Cameroun pour l’exercice 2023. Cette dernière accorde une place de choix à l’import-substitution qui impose notre économie à moins s’extravertir et à plutôt se tourner vers la résolution des problèmes locaux dont font face nos compatriotes. Cette politique consiste à abandonner l’importation de biens pouvant être produits localement. Ce procédé a pour but d’engager les importateurs à s’investir dans la production et la consommation du « made in Cameroon ». C’est pourquoi, le même gouvernement s’est lancé dans la transformation structurelle de l’économie nationale à travers des incitations fiscalo-douanières, l’institution ou le relèvement du taux des droits d’accises de certains produits afin de booster la production locale.
Il en est de même du budget alloué au processus de décentralisation qui croît au fil du temps, illustrant la volonté des pouvoirs publics de donner à nos CTD des moyens de leurs politiques. Par comparaison, il ressort que l’enveloppe de 252,6 milliards est destinée à la décentralisation pour la nouvelle année 2023. Ce montant est supérieur à celui de l’année 2022 qui était de 240 231 858 000FCFA (deux cent quarante milliards deux cent trente un millions huit cent cinquante-huit milles) ; et de celui de l’année 2021 qui était de 232 176 624 000 FCFA (deux cent trente-deux milliards cent soixante-seize millions six cent vingt-quatre milles). Dans la même veine, la dotation générale de fonctionnement (DGF) et la dotation générale d’investissement (DGI) ont connu en 2022 des hausses de plus de 3 milliards et de plus de 6 milliards respectivement.
La nation camerounaise par l’entremise de la décentralisation devrait redorer ses lettres de noblesse. Car selon Ernest RENAN, « une nation est donc une grande solidarité, constituée par le sentiment des sacrifices qu’on a faits et de ceux qu’on est disposé à faire encore». Ces efforts sont à mobiliser par toutes les parties prenantes des communes et Régions à l’aune des compétences qui leurs sont dévolues. De ce fait, cette nouvelle gouvernance, moteur du développement local, se positionnera comme la solution idoine visant à délaisser le décentrement des pratiques qui nous ont conduit vers des politiques totalement contre productives avec pour corollaires la pauvreté et la précarité en milieu jeune.
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