INTRODUCTION
La cérémonie de dédicace du livre de l’honorable Cabral LIBII, donne l’occasion au CEDEP par ma voix de présenter notre point de vue et de susciter auprès des potentiels lecteurs un engouement à découvrir toutes les thématiques qui y ont été abordées et que nous avons trouvé intéressantes.
Je commencerai cet exercice avec la phrase suivante :
« Copier l’Europe actuelle plus développée, et précisément dans un domaine où elle paraît rarement exemplaire et se cherche péniblement, serait une erreur ».[1]
Elle est de René DUMONT (1904-2001), ingénieur agronome et spécialiste des problèmes du Tiers Monde. Il était aussi l’un des fondateurs en France du mouvement écologique. En 1974, il sera le premier candidat écologiste à l’élection présidentielle en France.
Le modernisme aujourd’hui nous offre une vie dans des univers parallèles. Nous avons un pied dans l’occident et l’autre dans l’Afrique traditionnelle. En fait, nous sommes influencés par l’héritage ancestral et l’apport occidental.
Les langues européennes qui nous ont été imposées, et qui sont l’une des causes de la crise dans le NOSO, dont l’auteur a dans son ouvrage tenté d’apporter des solutions, respectent la ligne dictée par la conférence de Berlin de 1884-1885 au cours de laquelle s’est fait le partage de l’Afrique entre les grandes puissances.
Au sujet de ces langues d’emprunt, je convoquerai MOUSSA KONATE, écrivain malien né en 1951au Mali et mort en France en 2013. Il a publié une ouvrage intitulé « L’Afrique noire est-elle maudite ? ». Dans cet ouvrage, il nous laisse entrevoir que ces langues font obstruction à une grande partie des populations du continent africain qui ne s’expriment qu’en leurs langues nationales.
Les langues étrangères pour des paysans par exemple n’unissent que les élites. Il souligne le fait que les échanges culturels dans deux pays comme le Niger et le Nigéria ne se font qu’en Haoussa ou en Yoruba. J’imagine que cela est aussi le cas dans nos frontières en Afrique centrale (Gabon-Cameroun, Guinée équatoriale-Cameroun, Tchad-Cameroun, etc.). Il continue en précisant qu’une démocratie véritable ne saurait se mettre en place dans de telles situations qui excluent ceux qui ne causent pas la langue occidentale.
Après l’avoir dit, je m’en vais présenter les différentes articulations de mon intervention de cet après-midi :
-La contextualisation du travail de l’auteur
-La thèse de l’auteur
-Quelques réserves qui n’entachent en rien la qualité du travail et la pertinence des arguments de l’auteur.
I-CONTEXTUALISATION
Le Fédéralisme communautaire de l’Honorable Cabral LIBII met au grand jour les concepts de Gemeinschaft et gesellschaft qui ont été introduit par le sociologue allemand Ferdinand Tönnies en 1887 dans son ouvrage « Gemeinschaft und gesellschaft ».
La Gemeinschaft selon son auteur est une communauté dans laquelle les individus sont unis par des liens traditionnels personnels, qui sont motivés par des sentiments et des émotions. C’est un peu ce que MOUSSA KONATE va appeler le respect du « pacte originel » qui est cette obligation que les africains ont d’avoir un droit de regard envers les membres de la communauté par peur des représailles des ancêtres. On se sent tenu par les personnes de sa communauté qui se sentent elles aussi tenues par le même lien de nous aider lorsque nous sommes dans le besoin. Ce sentiment d’obligation morale envers les autres a été qualifié par TÖNNIES comme propre aux sociétés rurales, paysannes, à petite échelle et homogènes.
La Gesellschaft par contre, selon son auteur est une société constituée des liens sociaux impersonnels, indirects et qui ne se font pas nécessairement face à face. Les liens et les interactions dans ce cas sont guidés par des valeurs et des croyances dirigées par la rationalité et l’efficacité. Cela fait intervenir des intérêts économiques, politiques et personnels, qui effacent tout nombrilisme. Ici, mon partenaire ou ma nouvelle famille ne se limite pas au niveau de l’appartenance ethnique, mais c’est des gens avec qui nous partageons des convictions et la manière de voir le monde. C’est le cas des membres d’une société savante, les collègues ou les militants d’un parti politique, etc. Ce type d’organisation sociale est commun aux sociétés à grande échelle, modernes, industrielles et cosmopolites qui sont structurées autour de grandes organisations de gouvernement et d’entreprises privées, qui prennent souvent la forme de bureaucraties. Comme l’explique Weber, une telle forme d’ordre social est le résultat d’un «accord rationnel par consentement mutuel», ce qui signifie que les membres de la société acceptent de participer et de respecter les règles, normes et pratiques données parce que la rationalité leur dit qu’ils en tirent profit.
Tönnies a observé que les liens traditionnels de famille, de parenté et de religion qui fournissent la base des liens sociaux, des valeurs et des interactions dans une Gemeinschaft sont déplacés par la rationalité scientifique et l’intérêt personnel dans une Gesellschaft . Alors que les relations sociales sont coopératives dans une Gemeinschaft, il est plus courant de trouver de la concurrence dans une Gesellschaft.
La Gesellschaft selon son auteur est une forme d’organisation propre aux villes.
Or la comparaison des milieux urbains et ruraux, montre que ces deux concepts en pratique ne se présentent pas comme tel. Ils ne s’excluent pas mutuellement. On peut bien vivre en ville où devrait être exclue la communauté parce qu’il y a d’autres rapports qui influencent les individus et continuer à se comporter suivant des logiques émotionnelles et traditionnelles. Prenons le cas de quelqu’un qui a une entreprise et qui préfère utiliser les membres de sa famille quand bien même il y aurait une autre personne plus qualifiée, par respect du « pacte originel », puisqu’il évite que les membres de l’endogroupe ou de son groupe d’appartenance ne le traitent d’entretenir un sentiment de rejet envers ses frères.
Le professeur Claude ABE dans POLIS, la revue camerounaise de science politique, volume 12, numéro spécial 2004-2005 a publié un article intitulé : « Multiculturalisme, cosmopolitisme et intégration politique en milieu urbain : Les défis de la citoyenneté de type républicain à Douala et à Yaoundé ».
Il va étudier les dynamiques identitaires existantes dans les milieux urbains afin d’élucider la question de l’intégration nationale dans ces 02 grandes villes camerounaises. L’objectif de cette étude était d’observer l’intégration politique au Cameroun à la lumière des interactions et conditions que les stratégies identitaires imposent à l’identification citoyenne.
Dans ce travaille, il va évoquer J.M. ELA, sociologue camerounais qui précise, par rapport à l’occupation de l’espace à Yaoundé, ce qui est le cas aussi pour Douala, que « les différents groupes ethniques semblent même s’installer selon un mode d’organisation propre à chacun… On trouve des quartiers qui se signalent par la prépondérance d’une ethnie. Si les immigrants originaires du centre-sud et de l’Est s’agglomèrent à Mvog-Ada, les Eton et les Bafia à Nlong-Kak, les Bamoun et les ethnies du Nord se regroupent à la Briquiterie, tandis que les Bamiléké se concentrent à Messa » (ELA, 1983).
A côté des associations tribales existantes, Claude ABE relève aussi la présence des associations comme les volontaires de Mvog-Ada, les comités d’autodéfense, etc. qui sont constitués en dehors de toute logique ethnique car recherchent le bien-être et la salubrité dans le quartier.
Son travail a consisté à interroger une quarantaine de jeunes filles et garçons dans les villes de Douala et Yaoundé, âgés de 15 à 25 ans, à l’effet de sonder la perception que les citadins ont de ces nouvelles formes de citoyenneté. De cela va émerger une « citoyenneté écologique » qui lie le jeune à son quartier quand bien même il n’y réside plus. Les intérêts sont parfois l’assainissement du quartier.
D’un autre côté, les enquêtes montrent la présence du terroir comme pôle identitaire en ville. D’où l’identification au groupe primaire qui a amené les 40 jeunes à déclarer qu’ils préfèrent habiter dans un quartier où les membres de leur communauté sont majoritaires. Il y a alors une forte allégeance à la « proximité de type communautaire » qui manifeste une sorte de solidarité que bénéficie ses membres.
Pour continuer à justifier le travail du président Cabral LIBII, je vais évoquer la notion de « Melting Pot » américain que l’anthropologue Anglais Adam KUPER, d’origine sud-africaine a souvent rappelé dans ses travaux. En effet, à la base, on avait cru nier les origines des immigrés qui devaient se fondre dans la culture américaine. Une façon de renier l’exogroupe pour n’en faire qu’un seul comme ce qui est préconisé en France où il y a la promotion de l’assimilation. Or ce que montrent les chiffres est que ce n’est pas la réalité car, la population étant de plus en plus diverse, les individus restent très peu mélangés : peu de mariages mixte, et une étonnante concentration de la distribution de la population par origine, mettant à mal l’image trop souvent véhiculée d’une Amérique du Melting pot. Ce qui donne place à la gentrification dans beaucoup de villes qui, à travers ce procédé, rejettent les couches sociales moins nanties.
Cette première articulation justifie l’existence des interactions de type communautaire, d’où l’importance que revêt le thème objet de notre entrevue.
II-LA THESE DE L’AUTEUR
Le Fédéralisme communautaire est la problématique centrale de ce livre. Il est la philosophie politique du PCRN (Parti camerounais pour la réconciliation nationale). D’après l’auteur, c’est « la solution pour le salut du Cameroun ».
Cette problématique est traitée dans deux chapitres que sont : la justification du fédéralisme communautaire (chap. I) d’une part ; et d’autre part, l’état comme l’instrument du fédéralisme communautaire (chap.II).
L’auteur milite pour la reconnaissance constitutionnelle et administrative de la communauté. Il propose alors l’élimination des dix régions consacrées par la constitution et la transformation des départements en régions.
Il prône le repli identitaire comme consécration de la communauté, et qu’il distingue du repli ethnique qui nous ramène vers notre ethnie et langue en rejetant l’autre. Dans la mesure où la communauté englobe plusieurs ethnies et coutumes qui se rapprochent, parce que par exemple, le rapport au défunt est pratiquement le même ; les cérémonies d’initiation, la célébration des naissances, les funérailles ou les cérémonies nuptiales sont quasiment identiques.
Il envisage la mise en place des collectivités communautaires territoriales décentralisées (CCTD) et propose que ces CCTD soient administrées par des conseils élus au suffrage universel indirect pour les régions et direct pour les communes, lors des consultations mixtes à un tour. Ceci devra alors s’accompagner d’un transfert de pouvoirs décisionnels et de compétences administratives effectives, mais pas l’indépendance.
L’auteur propose que notre état actuel qui de son point de vue ne constitue pas une nation, se transforme en un nouvel état-nation qui « protège ses citoyens et qui libère leurs énergies ».
La solution de l’auteur pour le Cameroun, qui se confond avec celle du PCRN est « le fédéralisme avec comme entité fédérée, la région identitaire qui a pour socle la communauté ».
D’après Cabral LIBII, en plaçant l’état sur la communauté qui au préalable aura pris conscience de son devenir et de ce qui la rattache à l’ensemble national, nous éliminerons des clivages linguistiques Français – Anglais.
L’auteur, en référence au fédéralisme qui a prévalu dans notre pays de 1961 à 1972, pense que les compatriotes sont nostalgiques et convaincus que c’est la solution de la décongestion de l’Etat et la solution aux multiples crises qui sévissent au pays.
L’auteur après des rappels historiques sur le rattachement du Southern Cameroun au Cameroun oriental français après un plébiscite qui a suivi la conférence de Foumban du 16 au 21 juillet 1961, n’admet pas le fédéralisme à deux états qui ne répond qu’aux aspirations des anglophones alors que la quasi-totalité des régions du pays souhaitent aussi une forme d’autonomie, il précise que ce n’est pas une solution adéquate pour notre pays. Pour ce qui est du fédéralisme à plusieurs états, il souligne que cela va entrainer une surcharge institutionnelle et une bureaucratie abondante. Il va alors plaider pour une forme médiane.
Il souligne que les trente années d’occupation allemande ont été marquées par la résistance de tout le pays, ce qui a créé un sentiment d’appartenance et le vivre ensemble, socle de la nation Cameroun.
Les héros exécutés par la domination allemande d’après l’auteur, ne se situaient pas dans une dynamique de lutte pour le pays mais c’était la préservation de chacune de leur communauté. Leurs combats selon l’auteur avaient une connotation ethnique et communautaire que nationale.
Sa réforme consiste à transformer tous les départements en régions, tout en reconsidérant certaines lignes de démarcation des frontières. Il y aurait donc pour l’auteur 30 régions au total au lieu de 58, le nombre des départements.
Il milite pour une indemnité mensuelles aux élus locaux, car pour lui, « la ressource humaine politique est recrutée par le vote », ce qui n’est pas le cas pour les ressources humaines techniques.
L’auteur propose le changement du statut du FEICOM (Fond spécial d’équipements et d’interventions intercommunales) qui doit être révisé. Cette structure devrait de son point de vue appartenir totalement aux CCTD et non à l’Etat central, bien qu’il reçoive des subventions de ce dernier. Que son directeur général soit élu dans un conseil d’administration majoritairement constitué des représentants de CCTD.
Il prône une franche collaboration entre le MINFI et les CCTD qui va de la collecte des impôts et taxes locales ; et le dépôt immédiat des ressources des CCTD dans les caisses de leurs recettes ou dans leurs comptes. Ceci pour leur efficacité.
Il fustige le système d’autorisation de dépense au profit de celui de l’allocation financière. Les finances devront donc être directement transférées aux CCTD sans autre intermédiaire. Car les autorisations ont des problèmes de risque de forclusion.
Son positionnement idéologique n’est ni droite ni gauche. Il adopte une posture centriste donc sociolibérale puisque pour lui, l’Etat doit protéger aussi bien les riches que les pauvres et surtout, jouer son rôle de régulateur. Et non un Etat providence apathique. Et non plus l’Etat libéral outrancier qui laisse faire devant les intérêts grandissant des riches.
Pour l’auteur, le nombre d’agents publics est environ de 1% ; soit 300 000 pour une population de 25 millions d’habitants. C’est très insignifiant pour lui. Il faudrait, selon lui, environ 2 millions d’agents publics. Car la moyenne est de 10 % selon lui.
Il continue à insister que la pyramide du personnel étatique est inversée car il y aurait plus de cadres que des agents des catégories inférieures, ce qui ne facilite pas le service public.
L’auteur dans cette deuxième partie fustige la manière dont est rendu le service public aux citoyens et même les attentions des pouvoirs publics au niveau des investissements relatifs aux bâtiments qui doivent abriter ces agents publics.
Aussi, l’auteur propose une série de réformes dans les domaines de l’éducation, les PME/PMI, la santé, le sport, la justice, l’armée, la police, quasiment dans tous les domaines de la société. C’est alors qu’il préconise la possession du capital par le citoyen (réforme foncière), la mise sur pied des superstructures pour la gestion efficiente du service public dans le respect de l’éthique.
III-QUELQUES RESERVES
En France, nous avons une décentralisation comme au Cameroun, sauf qu’ils ont comme collectivités territoriales, les communes, les départements et les régions.
En suisse, le pouvoir est réparti entre la confédération, les cantons et les communes, conformément au respect du principe de subsidiarité.
En Belgique, c’est un fédéralisme où le pouvoir est répartie entre l’Etat fédéral, les communautés (03 communautés : française, flamande et germanophone) et les régions (Flandre, Wallonie et région de Bruxelles-capitale). En Flandre, on est obligé de parler le néerlandais, en Wallonie, c’est le Français alors qu’à Bruxelles, c’est le Français et le néerlandais à la fois.
Dans votre ouvrage, il n’apparaît pas clairement les entités fédérées. Est-ce la région, auquel cas, nous aurons 30 entités fédérées ou alors vous allez regrouper plusieurs régions en entités fédérées. Si c’est pas le cas, il fallait parler de la décentralisation communautaire ou régionalisation et non pas le fédéralisme communautaire. En fait, vous proposez plusieurs pouvoirs aux régions plus que ce qu’elles ont à l’état actuel. En plus, vous parlez très peu des communes pourtant, vous soulignez leur place dans votre modèle.
Comment seront les partis politiques dans votre configuration. En Belgique, il y a des partis flamands, francophones et germanophones. Il y a écolo en zone francophone et Groen en Flandre. Il y a le parti libéral francophone et son équivalent en Flandre. Comment seront organisées les assemblées constituantes.
Puisque chaque communauté sera érigée sur une base identitaire, les intérêts poursuivis dans une région ne seront pas nécessairement les mêmes ailleurs. Ils ne trouveront aucun intérêt à se disperser en allant dans une autre région qui ne les appartient pas.
Des antagonismes tribo-politiques, le Pr. Jean Pierre FOGUI souligne dans son ouvrage intitulé « l’intégration politique au Cameroun » que les ethnies telles que nous les connaissons aujourd’hui n’ont pas été toujours les mêmes dans la période précoloniale puisque les différentes tribus ont toujours été en conflits permanents et caractérisés par un sentiment de suspicion auquel transparaissait du mépris ou de la crainte. Il est vrai que la colonisation est venue exacerber ces rapports de méfiance entre les voisins par la signature des traités avec les peuples côtiers et érigeant par là des formes de hiérarchie. Ce que les partis politiques ont aggravé avec leur configuration tribale. Je ne pense pas qu’à ce jour, les résultats aux différentes élections dans notre pays prouvent le contraire.
A ces antagonismes tribo-politiques, se superposent des antagonismes géopolitiques que FOGUI subdivise en antagonisme Nord-Sud d’une part ; et d’antagonisme Est-Ouest d’autre part. Dans votre ouvrage, nous apercevons facilement que l’accent a été porté sur l’antagonisme Est-Ouest ou linguistique. Cela se comprend bien avec le conflit dans le NOSO.
Toutefois, nous aimerions aussi que vous insistiez sur celui du Nord-Sud qui n’est pas des moindres, si nous voulons apporter une solution durable à nos différends. En effet, il revient qu’il a toujours existé une forme de méfiance entre les populations du Nord, majoritairement islamistes et les populations du Sud qui sont chrétiennes et animistes. La configuration de ces peuples dont les uns sont soumis à une autorité féodale alors que les autres sont pratiquement acéphales, a créé des tensions qui ont quasiment conduit à la scission du Cameroun puisque les uns ne voulant pas composer avec les autres qu’ils soupçonnaient comme manipulés par la France.
S’agissant de la nostalgie des anglophones, à la base de la crise qui sévit dans ces zones, il convient de relever que la décentralisation n’a jamais nié l’existence des communautés. Bien au contraire, le troisième lot de compétences relatif au développement éducatif, sportif et culturel, met en exergue la pratique des langues nationales et la promotion des festivals et foires à caractère traditionnel et communautaires.
Vous insistez sur la reconnaissance constitutionnelle et administrative de la communauté comme solution la plus pratique de la préservation de notre identité. En effet, la constitution la reconnait très bien car elle précise dans son article premier, alinéa 2, que la République du Cameroun « reconnaît et protège les valeurs traditionnelles conforment aux principes démocratiques, aux droits de l’homme et à la loi ». Dans le préambule, il est mentionné que nous formons une mosaïque de peuples et de langues. L’Etat « œuvre pour la protection et la promotion des langues maternelles » (art.1, al. 3)
Les élections régionales d’après vous ne sont que des élections départementales. Nous n’adhérons pas à cette assertion car le fait que cette dernière se déroule dans les départements n’entache en rien leur caractère régional. En effet, le législateur a voulu une sorte d’équilibre dans la répartition des conseillers, en faisant intervenir directement les départements dans lesquels chacun des délégués devrait avoir une attache. Imaginons tout le désordre qui se ferait au cas où tout le processus se déroulerait au chef-lieu de la région avec des candidats qui, bien qu’originaires de la Région, ne revêtirait aucune véritable appartenance départementale.
Le découpage des communes et des départements non plus ne suivent une logique identitaire. Je prends le cas par exemple de la commune de Yingui dans le Nkam qui est réputée être d’ethnie BANEN. Lorsque vous y êtes, vous avez de la peine à croire qu’il y a une autre tribu pourtant, on y trouve aussi bien les BANDEM qui bénéficient d’un canton alors que les Yabassi qui s’y trouvent ont une chefferie de 3ème degré (NDOG HENDE).
Ceci est aussi vrai pour l’arrondissement de Yabassi où la commune de Yabassi qui a le canton BANYA ou MBELE ou BONKENG, 03 cantons de la vallée (WOURI BWELLE, WOURI BOSOUA et BODIMAN), le canton BANDEM et les 04 autres cantons qui sont Mèè haa ou BASSA (Badjob-Ndogpenda, Yabassi Centre, Nyamtan et Dibeng Ndogbélé).
Le découpage de 30 régions qui essaie au maximum de rassembler des peuples séparés aujourd’hui mais qui étaient auparavant unis ne sera pas sans conséquences à cause des problèmes qu’il va engendrer.
Parce que selon vous, la communauté ne peut être entendue que par le regroupement des us et coutumes similaires et non sur l’aspect langue et ethnies. C’est ce que vous relevez dans l’intégration infrarégionale. Cela justifie le regroupement des Grassfield en une seule communauté en fonction d’un certain nombre de pratiques qui les unissent. Cela conforte ma position de ne pouvoir avoir dans ce cas jusqu’à 30 régions. Peut-être une dizaine.
En effet, il sera simplement question de revenir sur les 04 aires géoculturelles à l’effet de distinguer quelques groupes disparates susceptibles d’être érigés en régions et constituer par exemple 04 ou 05 autre régions. Quand on parle des aires Soudano-Sahéliens, nous constatons qu’on peut y distinguer deux ou trois composantes qui ne s’y retrouvent pas et dont on peut séparer. C’est aussi le cas des Fang Béti.
En outre, vous ne soulignez pas dans votre travail ce qu’on fera des tributs recasées et qu’on retrouve dans nos départements. Vont-elles laisser les terres qui sont devenues les leurs aujourd’hui depuis plus de 50 ans.
Lorsqu’on poursuit la réflexion, il apparaît que les regroupements que vous suggérez dans votre modèle ne seront pas faciles à mettre en place puisqu’avec le temps, les peuples ne se sont pas installés de façon linéaire, facilitant un simple traçage. Vous devrez envisager le déplacement des populations avec tout leur patrimoine sur de longues distances et recoller la branche qui s’était échappée.
Vous ne parlez pas du SENAT qui est pourtant la chambre haute du parlement qui représente les CTD et dont la mission principale est de défendre leurs intérêts.
Justement, avec la décentralisation telle que voulue par les autorités camerounaises, la promotion des langues maternelles ou nationales incombe à la commune (art. 163) et aux régions (art. 273) qui, selon la loi sont appelées à faciliter leurs pratiques au même titre que les langues coloniales.
La décentralisation telle que présentée dans notre pays nous semble répondre justement aux préoccupations de l’heure des citoyens dans la mesure où le contrôle à postériori du représentant de l’Etat empêche tout débordement.
CONCLUSION
Dans son livre intitulé « les clés pour la Chine », Claude ROY montre le comportement d’un docteur en droit chinois qui, après sa formation en France, est envoyé dans des villages par le parti afin de diriger une réforme agraire. Ce jeune va vivre avec le paysan dans sa cabane pendant des mois, partageant son repas et sa seule pièce de maison. C’est l’illustration de l’importance que revêtent la paysannerie et le travail manuel.
En revanche, voici trois comportements des étudiants africains des années 60, c’est-à-dire, ceux qui étaient censés constituer la future élite :
« Les seuls invités en Israël, tous frais payés pour deux mois, qui refusèrent de travailler une semaine au Kibboutz, furent les jeunes africains »[2].
« En Tanzanie, ils firent une grève quand on voulut les faire coucher deux par chambre luxueuse. En Hongrie, les étudiants couchent par huit ; là aussi, les africains protestèrent… »[3]
La gouvernance et principalement la lutte contre la corruption et le népotisme sont des leviers qu’il faut actionner afin de donner à nos concitoyens les moyens et le pouvoir d’agir et cela passe par la concertation, le dialogue et la participation effective à la construction nationale.
L’Etat doit cesser d’être ailleurs comme l’intitulé de l’ouvrage du professeur Luc SINDJOUNG. Nous ne pouvons pas attendre tout de l’Etat, qu’il vienne balayer notre cours et se comporter comme si cela n’est pas de notre ressort.
C’est en cela que l’ouvrage de l’honorable Cabral LIBII a tout son sens tant, il vient ouvrir une réflexion sur « quel Cameroun voulons-nous pour nos enfants »[4].
En vous invitant à le lire afin de découvrir une autre facette du communautarisme,
Je vous remercie pour votre bienveillante attention.
Fait à Bruxelles, le 05 mars 2022
LEBE Frédéric
Directeur du CEDEP
[1] René DUMONT, L’Afrique noire est mal partie, Edition revue et corrigée en 1973, Seuil.
[2] René DUMONT, L’Afrique noire est mal partie, Edition revue et corrigée en 1973, Seuil.
[3] Op cit
[4] Phrase du Président Paul BIYA lors d’une adresse à la nation
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